En France, le rythme de l’expansion au troisième trimestre (+1,2% l’an) a été peu différent de celui de la zone €uro (+1,4%), mais cette croissance n’a fait que se rapprocher de son rythme tendanciel sans avoir connu de véritable phénomène de rattrapage. Alors que le gouvernement cherchait dès 2005 les réformes structurelles indispensables pour accroître la croissance potentielle de +2,2% l’an à +3%, il espère maintenant atteindre les +2% en 2011 ou 2012. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise montrent une amélioration générale du climat des affaires, suggérant la poursuite de la reprise. Les stocks devraient continuer à exercer une influence favorable via un arrêt de leur contraction, voire une légère reconstitution. En revanche, la contribution de la consommation s’atténuera probablement, avec l’arrêt des mesures incitatives à l’achat d’automobiles, qui ont fortement soutenu les dépenses au cours des derniers mois de 2010. L’alourdissement de la fiscalité prendra en outre effet à partir du printemps, mais la marge de baisse du taux d’épargne devrait contrebalancer son impact.
source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel
En 2010, la France n’a pas réussi à redresser sa balance commerciale et sa compétitivité à l’exportation. Le déficit commercial reste stabilisé au niveau élevé de 48 milliards d’€uros l’an. Le déficit des échanges de produits énergétiques tend encore à s’alourdir. Si les exportations de biens et services ont profité de la reprise des échanges mondiaux, progressant de +19,4% en valeur sur un an, elles restent encore en retrait de ‑8% par rapport à leur plus haut niveau d’avant–crise au premier trimestre 2008. En 2011, le développement des exportations sera inégal selon les destinations. La demande des pays émergents restera dynamique, mais moins qu’en 2010. Les industries françaises continueront à bénéficier du dynamisme de l’économie allemande, mais pâtiront de la faiblesse de celle des pays d’Europe du Sud. En revanche, la progression des importations se modérerait en liaison avec le ralentissement temporaire de la consommation.
L’absence de redressement des résultats des entreprises distingue l’économie française de celle de l’ensemble de la zone euro en dépit des enquêtes de l’INSEE ou de la Banque de France qui annoncent une franche amélioration de la situation de trésorerie des entreprises industrielles. Alors que le taux d’autofinancement ressort à plus de 92% dans l’ensemble de la zone €uro au deuxième trimestre 2010, celui-ci a reculé à 60,4% au troisième trimestre en France. Il est plus faible qu’en 2007, avant même l’entrée en récession. Il a en revanche regagné plus de quinze points par rapport à son niveau préalable à la récession pour les sociétés non financières de la zone €uro. La divergence d’évolution des profits s’explique notamment par le redressement de la masse salariale versée par les sociétés non financières un peu plus rapide en France que dans la zone €uro Le potentiel d’accélération de l’investissement productif apparaît ainsi réduit en France relativement à la zone €uro. Il reste cependant que celui-ci devrait continuer à se redresser, compte tenu des impératifs d’innovation et de gains de productivité dans le cadre d’une vive compétition internationale.
source : Direction générale des douanes et droits indirects, millions d’€uros, données estimées CVS-CJO. Exportations en bleu – Importations en rouge
Par ailleurs, l’amélioration des anticipations d’évolution des effectifs formulées par les chefs d’entreprise annonce la poursuite de la progression des effectifs salariés marchands (+50.000 au premier semestre 2011) qui serait moins dynamique qu’en 2010. Pourtant, les enquêtes réalisées par l’INSEE poursuivent leur amélioration en ce qui concerne l’activité industrielle, les services ou le bâtiment. La production industrielle a augmenté de +6% sur un an à fin novembre.
L’année 2011 sera ainsi une année de transition, pendant laquelle les efforts d’assainissement des finances publiques seront étroitement surveillés par les marchés.